Tu sais que tu viens de Côte d’Ivoire quand

Au registre des amoureux de la Côte d’Ivoire, nous avons Mr Bernard Boof ! Ivoirien de cœur, Mr Boof est le fondateur et l’administrateur du groupe « Tu sais que tu viens de Côte d’Ivoire quand… », un groupe très actif sur facebook. Nous avons profité de l’organisation d’un prochain séjour en Côte d’Ivoire pour interviewer Mr Boof et recueillir ses souvenirs et sa vision de la Côte d’Ivoire.

1.Bonjour mr Boof. Pourriez-vous vous présentez à nos lecteurs et nous dire comment est né le groupe « Tu sais que tu viens de CI quand.. »

Bonjour, avec plaisir. Le groupe est né suite à une discussion avec des amis. Nous partagions des faits et des images du passé. « Tu te souviens de ceci, tu te souviens de cela… ». Alors il m’est venu l’idée de créer ce groupe qui a ainsi permis de pouvoir se souvenir mais aussi exprimer des choses qu’il aurait été difficile de mettre à la connaissance de personnes qui ne connaissent pas la Côte d’Ivoire. Le Français en général ne connaît pas l’Afrique et a malheureusement des idées toutes faites sur le sujet… Je n’en dis pas plus…

2.Vous avez vécu de nombreuses années en CI et vous vivez aujourd’hui en France, quelles relations entretenez-vous avec votre pays de cœur ?

J’ai vécu 22 ans en Côte d’Ivoire où j’ai fait toutes mes études. Ce que « je suis », je le dois bien sûr à mes parents, mais aussi à la qualité de l’enseignement que j’y ai reçu. Je travaille aujourd’hui dans le secteur aéronautique.
Ma relation avec la Côte d’Ivoire ? A vrai dire sur place, que de l’amitié et du relationnel ainsi que la mise en place de certains projets (je mets en relation des personnes avec des projets)
L’année dernière par exemple, j’ai mis en place un projet entre le Stade Toulousain Judo et  la Fédération Ivoirienne de judo.
J’en suis sorti pour des raisons personnelles, mais je suis ravi de voir que ce  projet continue et qu’il va perdurer dans le temps.

3.Pourriez-vous partager avec nous vos meilleurs souvenirs de la CI ?

Il ya tellement de choses à dire. La création de notre groupe est déjà une réponse. Et puis sans rentrer dans le détail, la Côte d’Ivoire…. Elle est particulière.
J’y ai, comme je vous l’ai dit, vécu 22 ans de 1959 à 1981. Les plus belles années, la naissance d’un pays et tout ce qui va avec de bien ou de mal.
J’ai parcouru en moto ce pays, en long, en large et en travers. Je dis souvent que je souhaite à tous les enfants du monde de vivre ce que nous avons vécu. Certes le pays a changé, il a connu la guerre, mais aujourd’hui, il repart. Pourquoi ? La PAIX! Ce mot tant utilisé par Felix Houphouët Boigny…. Le comportement de PAIX c’est « la route » de toute construction et évolution.
Je le souhaite vraiment et tous mes amis seront d’accord avec moi.

4.Venons-en au groupe! Vous êtes (ou plutôt nous sommes  🙂 ) plus de 3400 membres sur le groupe. Vous attendiez vous à un tel succès ?

Oui et non.
Oui, car je suis sur Internet depuis le début. En 1999, j’ai créé un site sur la Côte d’Ivoire « Bakwaba » qui a permis la rencontre et les retrouvailles d’anciens de ce pays.

Non, car passer de 0 à plus de 3400 membres en même pas deux ans en Mai prochain, je n’y pensais pas. Je dois aussi dire que le succès de notre groupe repose sur des règles de respect, de convivialité et de politesse. Je ne cache pas que j’ai dû, à plusieurs reprises, faire le ménage et malheureusement sortir de notre groupe des individus qui je pense n’étaient la que pour mettre leur venin sur des personnes ou sur la Côte d’Ivoire, des mécontents en sorte.
Les règles, je pense, garantissent la cohésion.« Cette réussite », si je peux me le permettre, est dû à beaucoup d’animation de ma part. Je fais des recherches sur le web et dans des livres. On m’adresse aussi des photos actuelles ou anciennes, des cartes postales ou des documents pour me permettre de continuer.Je suis retourné en Côte d’Ivoire pour la dernière fois en février 2015. J’ai fait plus de 3000 photos et parcouru le pays d’Est en Ouest, sans difficulté, sauf celle de la route, la fameuse Côtière…

5.Comment parvenez-vous à animer avec autant de dynamisme le groupe tout en étant loin de la CI? Et quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées ou que vous rencontrez encore ?

J’aime la Côte d’Ivoire ! C’est mon pays de cœur et je la connais en long en large et en travers depuis plus de 50 ans. Comme je vous l’ai dit, je communique sur le pays depuis 1999.J’ai aussi des amis qui m’envoient des photos. J’accepte tout. Mais je vais être franc : je n’en ai jamais assez tant il y a des choses à dire. C’est une véritable passion pour moi !

Les difficultés : je dirai aucune, sauf la jalousie ou la calomnie que j’ai dû affronter par moment. Cependant, l’éléphant que je suis ne courbe pas aussi facilement l’échine… lol
Ensuite, ceux qui veulent casser le groupe, les marabouts, les déçus, les brouteurs, les vendeurs de sommeil, sans parler du sexe à tout va…. Il m’a fallu passer le groupe en privé afin de contrôler toutes les entrées. Sans cela, nous aurions été plus nombreux. Je me lève à 5 heures du matin, pour faire le gros nettoyage.

Vous savez, il faut se méfier des réseaux sociaux. Regardez Serge Aurier qui s’est fait avoir. Je sais que notre groupe est vu, lu et suivi par toutes sortes de personnes de tout rang et je fais très attention à cela.
Malheureusement, certains ne le comprennent pas…

6.Comment estimez-vous le potentiel touristique de la Côte d’Ivoire ? CIT, L’office ivoirien du tourisme a fait un travail titanesque ces dernières années pour promouvoir la destination Côte d’Ivoire. Mais selon vous quels sont les domaines sur lesquels l’accent devrait être mis pour attirer les touristes? (Réhabilitation de sites, accueil, infrastructures hôtelières.) ?

Oui, je vois ce qu’ils font. C’est bien la promotion d’un pays, mais encore faut-il pouvoir  recevoir les touristes. Il manque des hôtels à des prix abordables.
Prenez Bassam, cette ville avec un passé extraordinaire. Rien n’a été fait pour la réhabiliter. La seule chose que l’on retient c’est qu’elle représente l’Empire Colonial et un passé douloureux. Nous avons tous un passé pas très glorieux, mais cela fait partie de l’Histoire. Nous, anciens de Côte d’Ivoire, nous partageons cette douleur, croyez moi.
Nous devons nous servir de cette Histoire pour justement ne pas commettre les mêmes erreurs. Je suis certain que si cette ville avait été refaite, il y aurait un monde fou, là-bas.

7.Je lis parfois un peu (voire même beaucoup) de nostalgie chez certains membres du groupe devant les nombreux changements qu’a vécu le pays. Que pense Bernard de cette métamorphose ? C’est un avantage ou un inconvénient pour le tourisme ? 

La, vous touchez effectivement une question que je me suis posé.
Un pays ne peut pas être que touristique, il doit aussi se développer. Le seul petit problème c’est que les Ivoiriens pour le moment ne sont pas tous touchés par ce sujet. Ils doivent, tous les jours, aller travailler ou chercher du travail pour nourrir une famille. Le pays a été détruit les plus beaux endroits ont été cassés. Il y a des priorités.
Et la pollution ? Il faut faire quelque chose en urgence. C’est la garantie d’un bon « bouche à oreilles »
Il y a aussi le coût. La Côte d’Ivoire est trop chère. On privilégie le luxe et vous connaissez comme moi la conjoncture économique mondiale. Seule, une certaine élite pourra « se payer » le pays.
Le pays manque de route ou de pont. Ça change, on le voit, on l’entend mais cela ne va jamais assez vite.
C’est pourquoi, nous avons fait le choix d’un tourisme dit « solidaire » en Côte d’Ivoire afin d’apporter aussi cette « prise de conscience». L’idée est que les Ivoiriens peuvent ou doivent ouvrir leur maison, leurs villages sans pour cela délaisser les hôtels de luxe ou les beaux restaurants. Nous, nous entrons par la petite porte. Vous savez, et j’en suis persuadé maintenant, la nostalgie ne fera pas revenir les gens. Il faut s’adresser à une autre population, celle qui souhaite découvrir un pays au milieu de ses habitants. C’est du solidaire et on s’imprègne mieux du sens de leur vie.

8.Parlez-nous du prochain voyage organisé vers la Côte d’Ivoire ? J’ai cru comprendre que son objectif n’était pas seulement « touristique ».

 

Notre groupe s’est associé, avec « Drome Afrique », une association qui fait beaucoup pour la Côte d’Ivoire.
C’est un concept de voyage dit « solidaire » mais aussi touristique. Il sera organisé sur deux semaines, plusieurs fois par an.
Les thèmes et l’immersion dans un village seront différents tous les ans. C’est un voyage que l’on veut solidaire car entre 7 et 10 % de la somme sera consacrée à un projet. Les participants pourront le suivre sur un site internet et pourquoi pas revenir pour faire encore plus….
Je vous invite à venir sur notre groupe pour en voir le contenu.
Cette année, nous proposons de visiter Moossou (Grand Bassam), Assinie, Abidjan, Bingervile et Yamoussoukro. Nous finirons par le FEMUA, Festival de Musique Urbaine d’Anoumanbo organisé par Magic System, pas mal non ??

Guide, accompagnement, pension complète, pour 690 euros. Qui fait mieux pour découvrir la Côte d’Ivoire ?

9.Quels sont vos sites touristiques préférés et pourquoi ceux-là ? Je sais déjà que vous avez un faible pour Assinie  🙂 

Toute la Côte d’Ivoire est belle. Elle est diverse. Assinie, oui bien sûr mais elle aussi a tellement changé… Nous y allions par la mer, à moto…Il n’y avait pas de route et nous étions vraiment seuls au monde.
Je vais citer également Bassam, Jacqueville, Sassandra, San Pédro, Grand bereby.. Bouaké a son charme, Yamoussoukro également… Je pourrais citer plein d’autres endroits mais je remplirai votre journal.

10.Le mot de la fin

Si j’étais…
Une époque : Les années 70 !
Une ville, un pays : Abidjan, en Côte d’Ivoire
Une image attendrissante : Un bébé Africain assoupi dans le dos de sa mère…
Une image impressionnante : L’envol massif des chauve-souris au Plateau !
Une image qui force l’admiration : Un écolier qui étudie le soir, au pied d’un lampadaire..
Une image étonnante : Le pare-choc arrière des bus, « étincelant »..dans la difficile
montée des côtes !
Un personnage de publicité : Mister Everrrrready ou Bock Solibra……
Une drogue : La dépendance à l’Afrique…
Un chanteur : Ernesto Djédjé et son « Ziboté »..
Un humoriste : Léonard Groguhet ! et son « Comment ça va ? »
Une émission TV : « gnama-gnama » !
Un Week-end : Assinie, Bassam, Vridi
Une île : L’ile Boulay…
Une fleur : L’hibiscus
Un monument : La place de la Poste, à Noël, avec son arc de triomphe en branches de palmiers !
Un alcool : Le koutoukou…
Un mets : L’attiéké…
Un fruit : L’ananas…
Une expression : Tu dis quoi ???
Un personnage de la rue : la vendeuse d’oranges finement pelées dans le sens du long…
Un animal : Un margouillat à tête rouge…
Un moyen de locomotion : Le Gbaka…
Une heure : 7 heures du mat’ sur la lagune…
Un mode d’éclairage : La lampe à pétrole…
Un petit air : « Moustique, il est là, moustique, il est là…Y a pas moyen dormir, il piqué moi seulement !! »
Une chanson : « I-O-A… c’est le CP1, Mamadou et Bineta ! »
Un sentiment : La nostalgie

Je vous remercie de m’avoir consacré un temps comme celui ci. J’aime la Côte d’Ivoire, je ne suis pas le seul et nous avons un slogan au sein du groupe : »La Côte d’Ivoire, loin des yeux, mais jamais loin du Cœur ».
Merci à vous, merci à la Côte d’Ivoire. Je vous souhaite une réussite dans la paix et la prospérité.

 

Merci à vous Bernard d’avoir bien voulu nous livrer vos souvenirs et vos projets pour la Côte d’Ivoire. Nous vous souhaitons également un excellent séjour au pays et nous continuons de guetter ces photos qui tôt le matin nous connectent à notre magnifique pays.