Le souvenir des excursions de jeux d’invisibilité*, des fêtes des années collège et lycée refait surface, à chaque fois que je foule le sol de Bassam. Même si ces activités ont aujourd’hui disparu, Bassam reste la première destination du week-end des abidjanais. Située à moins d’une heure d’Abidjan, sur le littoral est, Bassam est bien trop souvent réduite à ses plages et autres complexes hôteliers qui prolifèrent sur la côte. Mais la ville peut en surprendre plus d’un, si tant est qu’on veuille bien s’aventurer en dehors du classico « Baignade-langouste/poisson/poulet braisés – farniente ».
Aujourd’hui, pas de sieste pour moi. J’ai décidé de consacrer mon après-midi à la découverte des trésors historiques de la ville. Pour cette ballade, il n’y a pas meilleur guide que Mr Nohounin, conservateur au Musée National des Costumes de Grand Bassam. C’est un véritable passionné d’histoire et un vrai professionnel qui réussira à coup sûr à vous captiver par ses récits.
Nous commençons notre visite par l’entrée de la ville où se dressent à la fois le monument aux femmes et le pont de la Victoire. Mon guide me raconte qu’ils ont été érigés en hommage aux héroïnes de la célèbre « marche des femmes sur Grand-Bassam » de décembre 1949. Ces femmes qui ont été arrêtées et tuées par les colons, pour avoir protesté contre l’arrestation arbitraire de leurs époux. Nous arrivons ensuite dans le quartier France dont les rues sont parsemées de maisons coloniales. J’apprends que ces maisons sont classées en 3 catégories : celles qui ont une histoire (1), celles qui se distinguent par leur architecture mais qui n’ont pas d’histoire particulière (2) et celles qui n’appartiennent à aucune des deux catégories (3).
Façade de la maison Ganamet (2)
Cour intérieure – maison Ganamet (2)
Demeure en forme de navire (2)
Certaines de ces maisons ont été restaurées et reconverties comme l’actuel musée des costumes qui autrefois faisait office de palais des gouverneurs. C’est dans le quartier France que se trouve également l’obélisque en l’honneur de Treich Laplène. Ce jeune explorateur mort à 30 ans et considéré comme le fondateur du territoire de la Côte-d’Ivoire. Mon guide m’entraine à quelques mètres de l’obélisque, pour me faire découvrir les célèbres arbres centenaires. Ces manguiers aux troncs énormes et au feuillage verdoyant qui longent la lagune.
Monument en l’honneur de Treiche-Laplène
La ballade se poursuit vers le quartier Nzima en passant par l’espace culturel Jean Baptiste Moquet dont la façade est très joliment décorée. Nous arrivons à la place de l’Abissa, qui représentait à l’époque coloniale, la frontière entre le quartier des colons et celui des autochtones. Cette place est également un haut lieu de la fête de l’Abissa, le nouvel an du peuple Nzima. Plus qu’un carnaval, l’Abissa est une fête qui réunit pendant une semaine toutes les filles et tous les fils N’zima autour de leur chef et du tam-tam parleur « Edo-Ngbole » pour la grande cérémonie du pardon. Nous en profitons pour faire un tour à la cour royale du roi des N’zima, située à quelques mètres de la place de l’Abissa.
Centre culturel JB MoquetCour royale du roi des N’Zima
La nuit commence déjà à tomber et notre parcours s’achève par la visite du Fort de Grand-Bassam, situé de l’autre côté du pont de la victoire.
Fort de Grand-Bassam
Cette ballade bien que fort enrichissante culturellement et intellectuellement, m’a littéralement épuisée. Je ne résiste donc pas à l’appel du transat et du cocktail de l’hôtel, qui me seront d’un grand réconfort.
C’est une visite que je recommande aux parents d’élèves. en effet, les cours d’histoire peuvent parfois paraître abstraits ou lointains à nos bout d’chous. Ce petit tour sera alors pour eux, l’occasion de visualiser ce qu’ils apprennent en cours. Ne passez plus votre journée entière en bordure de mer (ce qui ma foi est tout aussi plaisant). Changez vos habitudes et osez les sentiers culturels et historiques de la ville de Bassam.
Marilo
*Le jeu d’invisibilité : jeu de découverte dont le but est de permettre aux membres inscrits de faire des rencontres amicales. Il consiste à choisir au hasard un invisible avec lequel échanger pendant un certain temps qui s’achève par la journée/soirée découverte.
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7 Comments
Belle découverte (ou redécouverte)! Gracié!!!
J’avoue que je me serai moins ennuyée devant mes cours d’histoire si vous étiez mon maître 😉
Merci Marielle
c’est un plaisir de pouvoir partager ces expériences avec vous 🙂
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