Vous ne saurez visiter la Côte d’ivoire sans faire de la place à sa gastronomie. La cuisine ivoirienne, riche et variée, compte autant de plats qu’il y a d’ethnies dans le pays et celui ci en compte plus de 60.
Certains plats ne se dégustent que dans la région dont ils sont issus. Cependant, même si vous ne séjourner qu’à Abidjan ou dans les villes principales ou que votre séjour est très court, je vous propose un top 5 des plats à ne pas rater
Le garba
Il est devenu au fil du temps et par la force des réseaux sociaux le plat emblématique de la côte d’ivoire. Ainsi, le garba ou encore zéguen occupe t-il la tête du hit. Facile à manger, facile à trouver et surtout d’un coût à la portée de toutes les bourses. En effet, on le retrouve dans tous les quartiers d’Abidjan mais aussi dans les villes à l’intérieur du pays. Mais qu’est-ce donc que ce fameux garba? Contre toute attente, c’est un mets très simple composé de thon frit, de légumes découpés en petits morceaux: oignons, tomates, piments et d’attiéké.
L’attiéké est une sorte de semoule de manioc. Il se produit de façon traditionnelle par des femmes de régions ou de villages du sud du pays renommés pour leur art. On en trouve plusieurs variétés selon la taille des grains. L’attiéké aux plus gros grains s’ appelle « abodjaman ». C’est le meilleur de mon point de vue.
Le garba se vendait à l’origine dans de petites gargottes en pleine rue par des hommes. On le retrouve désormais commercialisé dans de très bonnes conditions d’hygiène dans des fast food.
A ce stade, il est important de mentionner les deux autres variantes du garba que sont « l’attiéké de femmes » et l’APF (attiéké et poisson fumé). L’APF n’a de différence avec le garba que par le poisson: du maquereau fumé. « L’attiéké de femmes », lui, contient des variétés de poissons telles que le sosso ( bar) ou la sole . Ils se vendent entiers ou découpés en gros morceaux. Différentes sortes de pâte de tomate ou de piment accompagnent les légumes. Cette variante est plus chère que le garba authentique et de meilleure qualité.
Ces plats à l’origine se vendaient dans des feuilles d’attiéké *qui leur conféraient un arôme bien particulier présage d’un goût caractéristique et inoubliable . De plus, cet emballage avait aussi pour lui l’avantage d’être 100% écologique.
A Abidjan, Tantie Alice, Tantie Aba, Miss Zahui, l’Usine chez Rose, I-garba, Dabali Xpress…sont les enseignes les plus connues où consommer ces plats. Vous n’aurez donc aucun mal à les retrouver sur google maps
Le Kédjénou
Le nom de ce plat vient du baoulé, une des ethnies de la Cote d’ivoire. Il signifie » remuer dedans ». Pour la petite histoire, le kédjénou se cuisinait à l’origine dans les champs avec le petit butin de chasse. Souvent constitué d’un agouti ou d’un rat palmiste ( si si c’est déliceux), on y ajoutait des légumes et une rasade de vin de palme appelé Bandji. C’est un plat qui cuit à l’étouffée dans un canari dont l’ouverture se ferme par des feuilles de bananier ou d’attiéké. Le canari, tout en restant hermétique, se remue régulièrement pendant la cuisson pour assurer un bon mélange des ingrédients.
Le Kédjenou se retrouve aujourd’hui au menu de tous les restaurants et maquis qui proposent de la nourriture locale. Le panel des viandes s’est aussi élargi et on retrouve outre celui à la viande de brousse, du kédjénou de poulet , de pintade, de lapin, d’escargot, de poisson… Il s’accompagne de riz ou d’attiéké.
A mon avis, l’idéal pour manger un bon et authentique Kédjénou serait d’aller en pays baoulé. Yamoussoukro par exemple serait une bonne destination pour faire d’une pierre deux coups : visiter la ville et bien manger! Cet article vous propose une escapade d’une journée à Yamoussoukro
La sauce graine
Elle se retrouve aussi bien chez les Akan que chez les Krous. C’est une sauce plus ou moins épaisse à base de graines de palme. Les graines se lavent, se cuisent à l’eau puis se pilent dans un mortier afin d’en extraire le jus. Celui-ci se recuit avec des légumes, de la viande et/ou du poisson et parfois des crustacés . Certaines ethnies du Sud rajoute pendant la cuisson du Kablè, feuilles de curcuma séchées, qui lui donne un fumet très alléchant.
Ce mets s’accompagne de foutou (bien lisse )de banane, ou d’igname ou encore de riz voire de placali.
Si l’on vous invite à des festivités chez des Abourés, à Moossou ou à Bonoua vous ne passerez pas à côté d’une variante pas très connue de la sauce graine: la sauce M’gbotta. La préparation de cette sauce est assez complexe (et selon mon père, réservée aux femmes de plus de 40 ans). Retenez juste que sa particularité est de piler les graines de palme avec de la banane mûre. En plus, on ne remet pas au feu le jus extrait des graines préalablement bien cuites.
Une autre variante de la sauce graine est d’y rajouter de la poudre de gombo sec.
Le restaurant chez Léa ou l’Atypik ou encore l’Espace Mima vous accueilleront pour déguster une bonne sauce graine.
La sauce copê ou gombo
J’avoue, l’aspect et la texture de cette sauce peuvent constituer pour certains une barrière difficile à franchir . Mais ce plat est l’un des plus prisés par les Ivoiriens. Selon le temps disponible pour le cuisiner et la quantité de gombo utilisé, la recette de la sauce gombo peut être plus ou moins élaborée et le résultat plus ou moins gluant. Localement on dira une sauce qui « tire » ou pas.
Le gombo frais, ingrédient de base se rape, se découpe en rondelles, ou se passe au mixer pour les plus modernes. La version longue demande de cuire les morceaux obtenus en y ajoutant un peu de potasse et de battre le gombo afin d’obtenir l’élasticité recherchée. En parallèle, on fait cuire viandes, crabes, crevettes fraiches ou séchées dans un bouillon de légumes auquel on rajoute le gombo. L’ajout d’un filet d’huile de palme est laissé à l’appréciation du cuistot.
La sauce gombo, bien fumante, se déguste avec du placali, du tô ou du riz .
A Abidjan, les restaurants Le placali Abouré ou Placali show chez Adjed sont des références pour en manger.
Découvrez ici ce que pense le célèbre youtubeur Mark Wiens de ce mets avant d’aborder le dernier plat de notre classement .
Le foufou et sa sauce Kokotcha
Spécialité des Ebriés, véritable repas de fête, le foufou est un plat qu’on apprécie retrouver sur nos tables. Attention à ne pas confondre en Côte d’Ivoire foufou et foutou. Le foutou se pile quand le foufou s’ écrase. Ils peuvent tous les deux être de banane ou d’igname. On obtient donc en écrasant la banane dans un mortier une pâte. On rajoute à celle-ci un peu de sel et un filet d’huile rouge. Puis, on la modèle selon la forme de son choix. Pour finir, on décore le foufou d’un mélange d’huile rouge, de piment sec et d’akpi* grillés et réduits en poudre.
La sauce kokotcha quant à elle est un mélange de viande (fraîche et /ou fumée), de poissons et de légumes. La banane devant servir pour le foufou s’ introduit dans la sauce en début de cuisson. On la retire ensuite pour laisser la place aux légumes réduits en purée, et aux épices qui vont en faire sa particularité: l’akpi et le Kablè.
A noter que le foufou et sa sauce kokotcha se présentent et se servent toujours dans deux récipients distincts.
Vous pourrez découvrir ce plat au restaurant l’Atypik.
Nous arrivons au bout de notre top 5 des plats à tester lors de votre séjour en Côte d’Ivoire et je vous souhaite de tous les essayer.
Les Ivoiriens, vous connaissez sûrement d’autres spécialités incontournables de notre beau pays! N’hésitez pas à les mentionner en commentaires.
*Akpi: De son nom scientifique Ricinodendron heudelotii , connu également sous le nom de djansang dans d’autres pays africains l’akpi est une petite graine qui sert généralement à aromatiser les sauces. On la retrouve de plus en plus dans la cosmétique.
*Placali: pâte à base de manioc légérement fermenté
*Tô: pâte à base de farine de mil. Le tô se retrouve dans plusieurs pays d’Afrique de l’ouest
*Agouti: petit mammifère rongeur qu’on trouve en Afrique et en Amérique du Sud
*Feuilles d’attiéké: de son nom scientifique Thaumatococcus Daniellii, c’est une plante tropicale à larges feuilles vertes utilisées pour emballer l’attiéké, pour recouvrir le canari du kédjénou ou pour cuisiner certains plats
Crédit photos: restaurant l’Atypik, Ivorian Food
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