Aaaattiéké chauuuuuuud! Si comme moi, vous êtes passés par les campus universitaires à Abidjan, vous avez certainement dû entendre, à l’heure de la sieste surtout, de jeunes vendeuses parcourir les couloirs en proposant d’une voix monocorde cette manne dont raffole les Ivoiriens..… Vous n’avez pas eu la chance d’être Ivoirien mais vous connaissez ce blog? Alors vous savez déjà quelle place importante tient l’attiéké dans notre paysage gastronomique. Pour les uns comme pour les autres, notre auteur invité Peck*, nous partage son expérience de l’attiéké.
Dans la culture gastronomique ivoirienne, ce mets est un incontournable classique qui aura su s’exporter par la fête gustative qu’il apporte.
Tout le monde en Côte d’Ivoire sait plus ou moins comment se déroule la fabrication de l’attieké. On en donnera la palme aux femmes du sud. Là encore, une grande différence se perçoit entre l’attieké des femmes Tchaman* ( ébrié) et celui des mamans Odjukr’* ( adjoukrou). Une guéguerre de bon enfant qui consolide d’ailleurs les liens.
Ce qu’il faudra retenir, c’est qu’un excellent attiéké doit être dégagé de fibres. Il ne doit pas être acide et voilà le paradoxe parce que pour obtenir un bon cru, on le fermente avec un manioc abîmé. C’est dire que les fabricantes doivent avoir un génie qu’elles maîtrisent.
C’est dans l’accompagnement de l’attiéké qu’on va trouver l’hyper délice de ce couscous ivoirien.
Les poissons qui vont avec sont sélectionnés comme pour aller à une élection Miss. On les préfèrera charnus et brillants par leurs nageoires. On les écaille à vif et ils sont vidés de leurs viscères. Alors la grillade, sous forme de sauna oléagineux, commence. Un bain de friture qui crisse et c’est parti pour le festival de carpes, dorades royales, capitaines, mérou et j’en passe. Pour leur donner une texture ferme et croustillante, on les badigeonne d’un peu de farine alliée à des cristaux de sel …
On présente le tout avec une salade aux mille couleurs des légumes. Des tomates juteuses coupés en dés, des oignons craquants en fines lamelles, des carottes en miniatures. Des concombres également. Ils sont baptisés de vinaigre léger, on les relève évidemment avec des piments verts et un filet d’huile…
On réalisera un piment de préférence « vert hollywood », pour les amateurs de fortes sensations.
On le réalise facilement à la maison. Il a un goût excellent lorsque le réalisateur est excellent. Le goût « du dehors »* étant une toute autre affaire qui suscite débat..
Développe le sens du partage. Donne de la joie à la camaraderie. Initie la solidarité. Et transforme l’Ivoirien en digne ambassadeur jusqu’aux extrémités de la terre. |
Voilà pour vous ce matin… mon partage …
Ça me rappelle mon enfance.
Ça évoque mon adolescence.
Ça me parle de ma vie universitaire.
Ainsi que de mon monde familial.
Comme vous d’ailleurs!
Bon appétit…
Vous êtes aussi un amateur d’attiéké? Laissez nous en commentaire vos différences façons de le consommer ou mieux encore vos anecdotes liées à l’attiéké
*Peck: A l’état civil Pacôme Christian Kipré, est cadre au ministère Français des Affaires Sociales et écrivain. Auteur d’une trilogie relatant ses souvenirs de la Côte d’ivoire d’une certaine époque. « Les traces d’une enfance hardie » , en plus de nous replonger dans notre enfance, rappellent les valeurs dont la société ivoirienne a été longtemps pétrie: le partage, la fraternité, le respect …saupoudrés d’une bonne dose d’humour. Pacôme est également très impliqué dans des oeuvres associatives à destination des enfants notamment les Zinzins du Bonheur et Soulaïka Vacances et Hébergement Familles.
*Tchaman et Odjukr sont des ethnies du sud de la Côte d’Ivoire. Ces peuples lagunaires ont la réputation d’être de grands producteurs et consommateurs d’attiéké
*dehors: Les Ivoiriens pour beaucoup aiment manger à l’extérieur dans les « maquis » et restaurants répandus dans tout le pays. Pour une certaine génération, les plats « du dehors » bien qu’exposés à l’air libre, parfois au bord des artères routières sont étonnamment plus goûteux que ceux concoctés à la maison. Nombreux ont été ceux qui bravèrent les interdictions parentales pour se gaver d’alloco, d’attiéké, de brochettes ..vendus aux abords des routes.
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