Madame Koutouan nous parle d’Abidjan Bateau, un rêve devenu réalité

Vous avez peut-être déjà entendu parler de ces balades nautiques organisées sur la lagune Ebrié. Ce concept qui existe déjà dans les grandes capitales européennes, a débarqué depuis quelques mois sur la scène du divertissement de la capitale ivoirienne. L’équipe de Babi Inside est donc allée à la rencontre de la fondatrice de ces excursions, premières du genre sur le sol ivoirien, connues sous le nom d’Abidjan Bateau.

Copyright Facebook Abidjan Bateau

• Pouvez-vous nous dire qui se cache derrière MJSignature et nous expliquer comment est né le concept d’Abidjan Bateau ?

Je suis Marie-Josèphe Koutouan, une passionnée d’hôtellerie, de tourisme et de tout ce qui touche à l’art de vivre.  J’ai un Bachelor en technique hôtelière obtenu en Angleterre. Quand je vivais à Londres, j’ai travaillé sur les bateaux appelés «  Bateaux-London », qui font la traversée de la Tamise. Je me suis toujours dit que quand je rentrerais en Côte d’Ivoire, je lancerais le concept sur la lagune Ebrié qui traverse la ville d’Abidjan. C’est ainsi qu’Abidjan Bateau a vu le jour en octobre 2014. Nous en sommes à notre 8^ième sortie avec un bateau qui peut contenir jusqu’à 60 personnes.

• Lancer un tel projet n’a pas dû être facile, avez-vous quelques anecdotes à nous raconter ?

Je confirme que ça n’a pas été facile et ce à plusieurs niveaux, en commençant par la population. J’ai eu droit à des réactions du type : « Se balader sur la lagune, la nuit ? »  Ou encore « Est-ce qu’ils ont suffisamment de gilets de sauvetage pour tout le monde » etc… Je me suis également rendue compte qu’une partie de la population abidjanaise avait peur de l’eau. A côté de cela, il y a beaucoup d’aventuriers mais également ceux qui, ayant déjà testé le concept à l’étranger, sont ravis de revivre l’expérience à Abidjan.

L’autre difficulté à laquelle j’ai été confrontée, était d’ordre financier. Le bateau actuellement utilisé appartient à un particulier et le prix de la location est assez élevé. Alors, quand il n’y a pas suffisamment d’entrées et qu’il faut tout de même payer les fournisseurs, ça devient difficile.

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• Comment vivez-vous votre statut d’entrepreneur en Côte d’Ivoire ?

C’est très difficile. Il faut bien s’y préparer avant et ne pas seulement se limiter à l’idée et à la passion surtout dans un pays comme le nôtre. Entreprendre, c’est obéir à des  « lois » et il faut y aller étape par étape car chacune d’elles est importante. Très souvent, on n’a pas la patience de
« build-up*» et on veut tout de suite atteindre le sommet. C’est malheureusement comme ça qu’on se casse la figure ou qu’on fait même faillite. Mais la passion nous permet également de rebondir sinon on a tout de suite fait d’aller déposer un CV quelque part (rires). Comme vous le savez,  la réalité et les factures ne comprennent qu’un seul langage, celui du cash.

• On sent beaucoup de passion dans vos propos. Quels sont les meilleurs moments, ou les moments où vous vous sentez vraiment à votre place.

Quand, à l’issue d’une ballade lagunaire, vos hôtes sont satisfaits et vous envoient des messages pour vous féliciter, mentionner le caractère inédit de ce que vous faites, etc… on se prend tout de suite pour une super créatrice (Rires). Aussi, lorsque dans le cadre de mon activité de coaching, j’arrive à transmettre des émotions à mon auditoire, sans réciter, ni  forcer et que les mots me viennent sans que je ne puisse m’arrêter, moi qui ne suis pas d’un naturel très bavard. A ce moment-là, je me dis waou ! Là, je pense que je suis à la bonne place.

• L’entreprenariat, c’est donc sans regret?

Absolument sans regret ! Il n’y a rien de tel pour moi que d’apporter quelque chose à l’existence de gens, de participer à agrémenter leur vie. C’est une joie pour moi de transmettre ce que j’ai appris et d’impacter mon environnement par la même occasion. Parfois, je plains ceux qui se lèvent le matin, la mine renfrognée en se disant  « c’est encore lundi ! » (rires)

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• Merci pour nous ! (rires). Je vous ai connu via Abidjan Bateau, j’ai appris une fois à Abidjan qu’il y avait la petite étiquette et là, vous mentionniez tantôt des séances de coaching. Est ce qu’il y a encore d’autres cordes à votre arc ? Et comment tout cela s’articule ?

(Rires) alors, je vous explique. A la base, je suis de formation hôtelière spécialisée en service clientèle et management du luxe. Dans cette formation, on apprend à savoir accueillir et s’occuper de clients d’un certain standing. Ce qui englobe l’expression, les bonnes manières, la tenue, etc. Et à cela se sont ajoutées mes expériences dans les établissements à caractère événementiel, en plus des voyages personnels. Je m’étais initialement spécialisée dans la formation des professionnels et l’accompagnement des particuliers dans l’art du recevoir. Chemin faisant je me suis rendu compte qu’il y avait également un besoin au niveau des enfants en matière de tenue en public, d’expression, etc… C’est comme ça qu’est née La petite étiquette. J’ai également remarqué que, dans certains événements tout le protocole du recevoir n’était pas respecté ou que les gens ne faisaient pas suffisamment preuve d’imagination quand il fallait recevoir. J’ai ressenti le besoin de créer un espace où les personnes pourraient être reçues avec tout le protocole et le code qui va avec. D’où l’expérience Abidjan Bateau. Mais en fait tout ceci est lié,( même si parfois les gens me disent que je pars dans tous les sens) avec comme fil conducteur : améliorer la qualité de vie de mes clients, autrement dit l’art de vivre. Et toutes ces activités sont regroupées sous la marque MJSignature

• Comment arrivez-vous à tout gérer ?

Je ne sais pas. J’y arrive tout simplement. Je pense que quand on choisit son créneau, qu’on est guidé par la passion et qu’on prend vraiment plaisir à le faire, les idées débordent de partout et on ne peut que les mettre à exécution.

• Oui mais ça fait tout de même beaucoup pour une personne. Qu’en est-il de l’équilibre vie professionnelle, familiale, sociale, etc…

Il y a forcément certains aspects qui sont sacrifiés (rires) comme la vie sociale. Mais bon, c’est un passage obligé quand on monte un business. Néanmoins, je me suis promis de faire des efforts en 2016. J’ai même déjà commencé.

• Si nous revenons à Abidjan Bateau, la ville d’Abidjan est connue voire reconnue pour être la capitale de la joie (bar, maquis, boîtes de nuits) comment positionnez-vous votre activité par rapport à cette « institution » et comment voyez-vous l’avenir d’Abidjan Bateau ?

Abidjan Bateau n’est ni un bar, ni un restau, ni une boite de nuit. Nous sommes une plateforme de détente assez différente, d’un certain standing qui s’inscrit dans un autre concept. Nous répondons à un besoin spécifique car il y a aussi une demande. En effet, tout le monde ne va pas dans les bars ou les maquis. De plus, nous ne sommes pas ouverts tous les jours, mais seulement une fois par mois ou lors de grandes occasions. Le concept commence à rentrer dans les mœurs. Une fois que les gens nous découvrent, ils reviennent. J’espère seulement que nous aurons un bateau un peu plus grand qui transmette véritablement le concept d’Abidjan Bateau.

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• Avez-vous un conseil à l’endroit de ceux qui hésitent à se lancer dans le secteur du tourisme ?

Le tourisme est un secteur d’avenir car tout est à bâtir. Notre pays regorge de nombreux atouts qui ne sont pas encore exploités. Parallèlement, il faut aussi beaucoup de sensibilisation, car un bon nombre d’ivoiriens n’aiment pas sortir alors qu’il y a tant de choses à voir et à faire.

• Nous arrivons déjà au terme de notre entrevue, avez-vous un dernier mot pour la fin.

Je remercie l’équipe de Babi Inside pour cette attention, c’est vraiment bien ce que vous faites. Il faut que nous valorisions notre beau pays qu’est la Côte d’ivoire. J’espère que Babi Inside sera le futur Thomas Cook de la Côte d’Ivoire, qui sait ?! De mon côté, je vous encourage également, car vendre la Côte d’Ivoire en étant loin, ça ne doit pas être évident ! Alors, bon courage à vous.

Merci beaucoup à vous  Madame Koutouan! Ce fut un réel plaisir de mener cet entretien avec vous! Nous vous souhaitons une bonne continuation et longue vie à Abidjan Bateau !!!

 

Marilo

*construire, consolider

 

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